C'est pas l'muguet mais des racines et des roses qui annoncent le 1er mai à Lessines, du soleil, du ciel bleu, des nuages blancs, de l'herbe verte, des sourires lumineux et des musiques arc en ciel.
Et oui, du son de toutes les couleurs, c'est ce qui nous attend chaque année et pour une sixième fois au Roots & Roses
Boogie Beasts arrivent après The Glücks, nous aussi!
On attaque donc de suite avec l'original rock endiablé des Boogie Beasts, souligné par un harmonica incisif. Le tout sonnant comme du déjà entendu mais pas "trop" entendu. Un rythme s'inspirant du disco par moment, une répétitivité qui fait sautiller le danseur qui sommeillait en nous.
Le boogie n'y est pas mais la bête est sur scène!
Le folk rock agité de Louis Barabbas & The Bedlam Six est particulièrement essouflant et Louis Barabbas, pile survoltée qui circule en tous sens, doit reprendre son souffle entre chaque effort musical. Il se lance même dans un tour de salle en courant pour illustrer par le geste une chanson contant l'histoire d'un chien vagabond!
En voilà de la musique vivante et expressive!
De Nashville à Amsterdam, The Hackensaw Boys promènent leur bluegrass anticonformiste et bon enfant.
Banjo et percussions de bric et de broc, de gamelles et de bidons.
Du rock sauvage et épuré qui frappe direct à l'estomac, une batterie martelée à coups de massue, un guitariste à la mine rolling stonienne et un chanteur échappé du grand blond avec une chaussure noire.
Voilà le tableau simpliste qu'offrent les nord-américains Daddy Long Legs. La surprise très bonne de la scène Roses!
"Les adieux d'une reine" nous annonce le programmateur?!?
Ce n'est pas larme à l'oeil que Rory Block semble faire des adieux mais l'arme six cordes en mains qui mitraille un folk blues acoustique énergique. La blonde reine occupe toujours le micro avec fougue et sa couronne est encore bien en place!
Rory Block - 1 mai 2015 - Roots & Roses Festival, Lessines (B)
Pure british teenage rock'n roll, The Computers envoient la patate chaude!
"Believe in the power of love" leur credo, alors ok "we believe in the power of Computers!"
Juché sur tout ce qui lui permet de prendre de la hauteur, le chanteur crache son ardeur et son désir d'enflammer le public. Les accrobaties sont bien réglées, lancer de guitare, saut, grimpette, plongeon dans la foule! Tout y est pour mettre le feu! La furie rock'n rollesque!
Il y a quelques années, le diable était bien dans la cuisine et traficottait des recettes improbables. Maintenant la cuisine est rangée et le diable s'en est allé ficher le bordel ailleurs!
Le son des Hell's Kitchen est finalement plus carré, la folie est maitrisée et leur blues déjanté est devenu plus mélodique et a gagné en intensité, en volume.
Pourtant un diablotin sous la forme du guitariste chanteur, pointe encore le bout de son nez de temps en temps!
Romano Nervoso joue presque à domicile et avait le public dans la poche à peine entré sur scène. Chez lui aussi la folie furieuse d'il y a quelques années (on avait pu le découvrir au Roots & Roses 2012) est plus maîtrisée et gagne en puissance ordonnée.
Après avoir béni le public de son micro, il nous a gratifié d'un "Power of love" bien glam.
Pour finir en apogée et en plongée dans le public, une reprise en italien d' "Aline" de Christophe qui se rebaptise "Maria" au tempo rock bien lourd, très loin du dessin
d'un doux visage par son créateur mais idéal pour terminer un live furieux!Romano Nervoso - 1 mai 2015 - Roots & Roses Festival, Lessines (B)
La tigresse espagnole se la joue toujours plus bête de scène au sein de son groupe The Excitements.
Tigresse par sa puissance et crevette par son gabarit, KoKo-Jean Davis prend la pose et pose sa voix sur un band solide qui participe largement à l'excitement général.
Bien loin des castagnettes, l'écrin musical soul et rythm'n blues que cisèle le groupe autour de la puissance vocale de la demoiselle est toujours aussi "hot hot hot" hautement excitant!
Le grunge est toujours aussi bruyant malgré l'âge qui commence à peser sur les épaules des musicos de Mudhoney mais son esprit de révolte lié à la jeunesse de ses initiateurs est bien mort.
La musique agressive qui se joue fort doit aussi se vivre sur scène et donner lieu à débauche gestuelle des interprètes. Mudhoney joue gentiment une musique agressive.
Quelques fulgurances instrumentales comme un solo basse/batterie redoutable se terminant en un déluge de guitares distordues ne rachètent pas une voix fatiguée.
Impénétrable et mystérieux, voilà Wovenhand qui clôt ce Roots & Roses 2015. Une musique indéfinissable, comme les visages des membres du groupe plongé dans la pénombre permanente et éclaboussé d'un contre-jour qui fait plisser les yeux pour tenter de discerner une quelconque expression.
Sur un tempo tribal, la musique de Wovenhand s'étire et s'enroule en volutes enivrantes.
On ressent néanmoins comme une sensation de frustration, le frontman David Edwards arrivant et sortant de scène aussi furtivement qu'il n'a laissé apparaitre ses traits. Cela fait sans doute partie de l'atmosphère oppressante que veut tisser Wovenhand.